Rendez-vous avec Vincent Arnal, Chief Information Officer AXA
Développement durable, Green IT et intelligence artificielle
A l’occasion du salon Nexus 2050, Laurent Beaurepaire a pris le temps d’échanger avec Vincent Arnal sur ses actions en matière de Green IT, ses engagements durables et sa vision de l’IA.
Laurent Beaurepaire (L.B) – 🌱 Qu’est ce qui a éveillé ton intérêt pour le développement durable ?
Vincent Arnal (V.A) – Né dans les années 80, j’ai grandi avec les débuts de la sensibilisation au développement durable, marqués notamment par la création du GIEC et le premier Sommet de la Terre. Ces événements ont été un premier déclic pour moi. Le second est venu vers 2015, avec l’essor du digital. J’ai alors pris conscience de l’impact environnemental de la production et de l’usage croissant des technologies.
L.B – Et quelle est ta perception de la prise de conscience sociétale autour du développement durable ? 🔍
V.A – Il y a clairement une prise de conscience croissante, accompagnée d’actions concrètes à plusieurs niveaux :
- Économique, avec la décarbonation et la réduction des émissions 💨
- Social, avec un accent sur l’inclusion, l’accès à la santé, etc. 🫂
Mais cela reste encore souvent ponctuel. On agit pour se donner bonne conscience, sans remettre profondément en question notre mode de vie ou les chaînes de valeur des entreprises. Il manque une véritable intégration du développement durable dans les pratiques quotidiennes.
L.B – Il y a aussi une question d’accessibilité à des alternatives concrètes, c’est ça ? Beaucoup veulent agir, mais ne savent pas comment.
V.A – Exactement. Même quand il y a une volonté, il faut que l’offre existe… et qu’on la connaisse ! Prenons l’exemple des courses : on est choqué par la quantité d’emballages, mais si on ne connaît pas les magasins en vrac ou les circuits courts, on continue comme avant.

L.B – 🚀Concrètement, tu as pu déployer des actions personnelles ou professionnelles dans ce domaine ?
V.A – Oui, dès mes débuts professionnels, j’ai eu cette chance. Dans le secteur de l’assurance, on gère d’un côté, des investissements (avec un pouvoir d’orientation vers des actifs verts), et de l’autre, on influence les comportements via les produits qu’on propose.
Aujourd’hui chez AXA, il y a des initiatives concrètes, comme AXA Climate, une école dédiée, ou AXA Essenti’all, qui travaille sur l’assurance inclusive dans les pays où l’accès est limité.
L.B – Est-ce que tu as une idée de l’impact du numérique sur l’environnement ? 🍃
V.A – Oui, l’impact est énorme, surtout sur la production des équipements et des datacenters. On parle de 7 à 10 % des émissions de GES en Europe. C’est la fabrication des machines qui pèse lourd, d’où l’importance d’agir sur le cycle de vie et le recyclage.

L.B – 🔥 Et quels risques majeurs vois-tu avec l’IA, en lien avec l’environnement ?
V.A – La consommation énergétique ! L’explosion de l’usage de modèles comme ChatGPT a un coût énorme en termes de calcul, de stockage, de puissance… Et ça ne fait que commencer.
Mais l’IA peut aussi aider à optimiser des processus, des chaînes d’approvisionnement, voire à mieux capter et interpréter des données environnementales. Donc, il y a aussi un potentiel de contribution positive.
L.B – ⚡Comment évalues-tu la maturité d’AXA sur ces sujets ?
V.A – Je pense qu’on est très avancés. AXA a anticipé ces enjeux avec des objectifs clairs, déclinés dans toutes les entités comme par exemple :
- Augmenter les actifs verts de 48 % d’ici 2030
- Réduire les émissions carbone de 30 % d’ici 2023 (déjà fait)
- L’initiative comme “AXA Atout coeur”, qui encourage les actions solidaires. Près de 90% des collaborateurs au Luxembourg ont participés à au moins une action de volontariat en 2024.
L.B – ✊Et à titre personnel, quelle action numérique responsable préconiserais-tu en priorité ?
V.A – Je ne recommanderai pas une action, mais une réflexion globale. Sinon on reste dans du ponctuel. Mais à titre d’exemple : arrêter de changer de smartphone tous les 3 ans. 50 % des smartphones usagés dorment dans les tiroirs ! Il existe pourtant des solutions de seconde vie, de recyclage… ♻️
En entreprise aussi, on peut agir, notamment sur les flottes de smartphones. Et le cloud est un levier important, car les grands acteurs peuvent atteindre plus vite des objectifs de neutralité carbone.
« Mais tout cela passe par de la gouvernance, de la formation, de la sensibilisation ! »